Alain DESPRES sculpteur sur pierres dures en taille directe
hier .................................................................................. aujourd'hui .......................................................................... demain
Dialogues intimes English below
Chaque fois que, dans la montagne ou la campagne, je choisis une pierre pour la sculpter, j’ai un moment d’hésitation. Cette pierre est là, sortie des profondeurs de la terre depuis des dizaines de millions d’années, des millions de vies d’homme. Comment puis-je oser l’enlever, sous le simple prétexte que sa matière et sa forme m’intéressent et m’inspirent.
J'aime parler du « temps de vie » des pierres, même si la biologie n’est en rien concernée. La différence d’échelle entre les temps de vie de l’homme et de la pierre me fascine. Il m’arrive d’imaginer que la pierre « vit » à un rythme d’une lenteur extrême, imperceptible à l’homme, mais que, compte-tenu de son ancienneté, elle a « vécu » et emmagasiné bien plus que moi-même.
Comme j’aimerais que ma future sculpture traduise cette somme là !
Je choisis et ramasse toutes mes pierres dans la nature, au sommet d'une montagne, au pied d'un volcan, dans le lit d'un torrent. Chacune d'elles m'attire par sa matière et sa forme. Quand la séduction opère, elle est le facteur déclenchant de mon travail de sculpteur.
Dès que la pierre est posée sur l’établi, le dialogue s’installe. Ses lignes de force et de faiblesse guident mes outils. Une nervure ici propose un chemin à tailler ou une arrête à profiler, un renflement ailleurs incite à creuser tout autour ; l’inclusion d’une couleur impose de polir… il me semble à chaque fois que la pierre me fait ses propositions.
Il me reste à choisir. La forme finale est ainsi générée peu à peu. Sans projet préétabli, sans but à atteindre. Je coupe, ponce, perce, polis, lustre, elle se transforme lentement ou brutalement, change de couleur ou de « touché », prend la lumière autrement …
Il est par contre de ma seule responsabilité de terminer le travail et de le donner à voir, de le mettre en représentation.
Il m’arrive d’imaginer que je pourrais pousser beaucoup plus loin la démarche, qu’à force d’éclats et de ponçage, la pierre deviendrait poussière… Il lui resterait alors à se sédimenter … pour former une nouvelle pierre, dans quelques millions d’années …
je serai alors comme elle, moi aussi redevenu poussière.
A. DESPRES
______________________
Intimate dialogues
Whenever, in the mountains or countryside, I choose a stone for carving, I hesitated for a moment. This stone is here output from the depths of the earth for tens millions of years, millions of men's lifes. How dare I remove it, simply on the pretext that its matter and form interest me and inspire me.
I like to talk about the "lifetime" of stones, even if biology is in no way concerned. Scientists have told me: marbles from Caunes are very old,380 million years. The difference in scale between the lifetime of man and stone fascinates me. I happen to think that Stone "lives" at an extremely slow speed, imperceptible to humans, but, given its age, it "lived" and stored much more than me.
How I wish my future sculpture reflects this sum !
I choose and picks all my stones in nature, on top of a mountain, at the foot of a volcano, in the bed of a torrent. Each attracts me by its material and shape.. When seduction operates, it is the trigger of my work as a sculptor.
As soon as the stone is put on the workbench, dialogue begins. Lines of strength and weakness guide my tools. A rib here offers a way to cut or a edge to profil, a bulge somewhere else encourages me to dig all around and the inclusion of a color requires to polish … Every time, I think the stone makes me proposals.
It remains for me to choose from. So, the final form is generated gradually. Without project preset, without goal. I cut, I sand, drill, polish, it turns slowly or suddenly, changes the color or "the touch", takes light differently ...
It is my own responsibility to finish the job and give it to see, to the representation.
Sometimes I imagine that I could push the process much further, that because of much chips of stone and much sanding, the stone would become dust... It would then remain to settle ... to form a new stone in a few million years …
Then I'll like it, I also once again become dust.